Kawase Hasui : Un grand maître de l’estampe de paysage au 20ème siècle

Kawase Hasui (1883-1957) est considéré comme l’un des grands maîtres du Shinhanga (Hasui est son nom d’artiste, son véritable prénom étant Bunjiro). C’est aussi l’un des artistes les plus prolifiques du Shinhanga, il a produit plus de 600 estampes tout au long de sa vie. Hasui a principalement travaillé avec l’éditeur Watanabe Shozaburo, cependant il a produit quelques estampes pour d’autres éditeurs dont Doi et Kawaguchi-Sakai (des estampes d’une très grande qualité d’ailleurs). Reconnaissance officielle de son statut d’artiste majeur, Hasui a été fait « Trésor national vivant » par le gouvernement japonais en 1956.Le style d’Hasui est caractérisé par une maîtrise parfaite du contraste entre l’ombre et la lumière. Cette technique permet de transmettre l’atmosphère du paysage représenté. C’est ce qui rend les estampes d’Hasui fascinantes. Hasui avait une prédisposition pour les paysages enneigés. Les spécialistes de l’estampe japonaise, comme l’éminent Narazaki Muneshige aimait décrire Hasui comme « l’artiste de la neige ». Notamment, les estampes représentant un temple rouge sous la neige sont un grand classique chez Hasui (Comme chez Tsuchiya Koitsu et Takeji Asano d’ailleurs).

Un bon exemple d’estampe de paysage enneigé d’Hasui est l’estampe ci-dessus. Cette estampe, qui date de 1925, intitulée « Le temple Zojoji, Shiba » (également retranscrit par erreur par Zozoji), est sans nul doute l’une des plus populaires qu’Hasui ait produite. Cette estampe à été faite « trésor culturel » par le gouvernement japonais en 1953, ce qui était un grand honneur pour Hasui, mais également pour les artisans, graveur et imprimeur, qui voyaient par-là la nature collective de l’œuvre reconnue.

Cette appellation d’« artiste de la neige » ne doit cependant pas faire oublier qu’ Hasui était tout aussi talentueux pour retranscrire l’atmosphère des autres saisons. En effet, il a dépeint tous les aspects des quatre saisons à travers toutes sortes de paysages, qu’ils soient ruraux (montagne, champ, lac…) ou urbains (temple, sanctuaire, pont, canal, rue…). En effet, Hasui a effectué de nombreux voyages à travers le Japon pour trouver son inspiration. Ainsi, il prit pour sujet des paysages de tout le Japon, de kyushu (l’île la plus au Sud de l’archipel principal) à Hokkaido (l’île la plus au Nord de l’archipel principal). A noter qu’il voyagea en Corée en 1939 (qui était alors colonisée par le Japon), voyage au cours duquel il produisit la série « huit vues de Corée » éditée par Watanabe.

Voici deux exemples de paysages naturels, le premier de Hokkaido, le second de la région du mont Fuji :

Voici deux estampes où Hasui s’est attaché à dessiner les ombres, avec un grand talent :

Un aspect intéressant est qu’Hasui n’incorporait que très peu la figure humaine. La plupart de ses estampes ne comportent pas de personnage, les autres ne comportant qu’un ou deux personnages.

Hasui utilisa plusieurs sceaux différents de 1918 à 1923 mais, en 1923, il choisit un sceau et l’utilisa systématiquement jusqu’à sa mort. Le voici :

Les caractères sino-japonais le constituant se lisent « Hasui ».

Enfin, voici quelques autres estampes d’Hasui.