Aujourd’hui, nous allons nous rendre à Séranon, petite commune du sud de la France et qui possède un patrimoine historique et architectural exceptionnel.
Quoi visiter à Séranon ?
- La chapelle Notre-Dame-de-Gratemoine est située le long de la célèbre route Napoléon. C’est le vestige d’un prieuré qui relevait de l’abbaye de Lérins. L’ensemble de l’édifice a été restaurée à la fin du xxe siècle.
- Le Vieux Séranon qui est un village fortifié des xiie et xiiie siècles, avec son magnifique château et l’église Saint-Étienne de style gothique, édifiée au xve siècle, dont il ne reste que des ruines.
- La bastide de Broundet est un château campagnard dans lequel dormit pendant trois heures Napoléon Ier, le 3 mars 1815, remontant vers Paris après son débarquement à Golfe-Juan. Le château appartenait alors à Jean-Paul II de Lombard, marquis de Gourdon, maire de Grasse.
- Chapelle Sainte-Brigitte, sur le chemin de Vieux-Séranon. Elle date du xvie siècle.
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L’historique des armes de Séranon
Les armes de la commune de Séranon, proviennent vraisemblablement de la prestigieuse maison des Baux de Provence.
Hugues des Baux, qui se flatte d’après une légende bien entretenue par sa famille, de descendre du roi mage Balthazar (en provençal, Bautezar) fait figurer sur son blason, un meuble assez rare, la comète à seize rais d’argent.
L’étoile annonciatrice qui guida les rois mages vers Bethléem, figure depuis sur leurs armes.
Pierre des Baux, seigneur d’Aups (1095) fait figurer également la comète sur son blason, mais interverti les couleurs (d’argent à la comète de seize rais de gueule).
Au début du XIIIe siècle, Blacas d’Aups, son petit-fils (1160-1235) seigneur de Séranon dit le grand guerrier, épousa la fille de Boniface III, baron de Castellane * ; outre ses faits d’armes au service de son beau-père et suzerain, il fut aussi excellent troubadour. En 1233, il est contraint de céder son fief de Séranon au comte de Provence. Il est permis de penser que les Séranonnais ont voulu conserver avec ses armes, le souvenir de leur dernier seigneur.
C’est la même étoile qu’un autre descendant de Blacas, son petit-fils “Blacasset” (qui accompagna Charles Ier d’Anjou à Naples) ; capturé par les infidèles, il avait fait le vœu (selon Mistral) de tendre une chaîne reliant les deux rochers au-dessus du village de Moustiers Sainte marie et d’y suspendre l’étoile à seize branches, emblème de sa famille.
Une autre ville possède le même blason que Séranon, c’est la ville de Lançon de Provence**. Raymond Ier des Baux qui y possédait un château, autorisa la ville à porter ses armes.
* Une fresque peinte dans la salle de restaurant “Chez Marius”, représente les noces de Blacas et de Laure ; on y distingue nettement les armes de Séranon sur son écu.
** Pons Arbert, fils aîné d’Arbert de Lançon, fut seigneur de Séranon en 1060 ; c’est lui qui légua la chapelle de Gratemoine au prêtre et futur moine de Lérins, Isnard d’Auriol.
Age de bronze
Dès les débuts de l’âge de bronze (fin du chalcolithique) des populations sédentaires d’agriculteurs éleveurs ont laissé des traces de leur existence sur le territoire de Séranon ; (grotte funéraire de Valférrière) haches en pierre polie, grattoir, céramiques (quartier des Combes) ont permis de dater ces premières civilisations.
Age de fer
Plus tard, à l’âge de fer, les populations ceto-ligures ont construit à mi pentes ou sur les sommets des enceintes édifiées avec d’énormes pierres entassées sans mortier ; ces “oppida” ou castellaras sont encore bien visibles (quartiers des Combes, Briore, Cornet).
Epoque Romaine
Vaincus par Rome, les celto-ligures ont quitté leurs enceintes de pierres pour adopter l’habitat dispersé des Romains, dans les plaines (Gratemoine) ou à flanc de collines (Séranonas).
La voie romaine (Vintia) qui relie Vence à Castellane, venant de la plaine de Caille et traversant la vallée de Séranon facilite les échanges entre montagne et littoral.
Moyen-âge
Pour une raison de sécurité, les populations se regroupent vers les hauteurs. Le village se resserre autour de son château (mentionné dès 1252) dont subsiste la base d’une tour forte et l’enceinte nord percée d’intéressantes archères.
C’est parmi les cinq châteaux élevés dans la première moitié du XIIIe siècle, sans doute par Charles Ier d’Anjou, à Gréollières, Saint-Auban, La Gaude et Villeneuve-Loubet, celui qui, avec le château de Gréollières permet le mieux d’étudier le système défensif de cette époque.
Le château semble avoir été pris au comte de Provence vers 1308. Celui-ci charge alors un aventurier génois, Gabriel Salvagius de le récupérer. C’est probablement à l’occasion de ces évènements que sont remaniés les deux enceintes du château.
Ce n’est que durant les troubles de la seconde moitié du XIVe siècle qu’est fortifiée l’agglomération.
Le Péage de Séranon
Certainement antérieur à 1209, le péage de Séranon était un des plus important de Provence.
Situé dans la plaine au débouché d’un sentier descendant du vieux village, peut-être à l’endroit connu aujourd’hui sous le nom d’aire dou desme” où plus tard on percevait la dîme.
Une querelle subsista longtemps entre les grassois et les seigneurs de Séranon à propos des tarifs de ce péage.
La bastide de Broundet
Propriété de Louis Lombard, marquis de Gourdon, Maire de Grasse. En 1815, l’Empereur Napoléon 1er de retour de l’île d’Elbe, y prend de brèves heures de repos dans la nuit du 2 au 3 Mars.
A son arrivée à Séranon, l’Empereur y trouve le sieur Blaise Rebuffel, régisseur du marquis de Gourdon, qui met à disposition la bastide.
L’Empereur s’installa dans le ” château” et y passa la nuit tout habillé sur un fauteuil, accoudé à une table près de laquelle il oublia en partant, un petit flacon d’eau de Cologne.
Le bataillon bivouaqua autour de la bastide et brûla toute la nuit la réserve de bois du marquis.
Les muletiers de Caille, réquisitionnés par l’Empereur pour porter les sacs de la troupe, profitèrent de la nuit pour s’enfuir.
Le 3 mars, au matin, de très bonne heure, l’Empereur reprit sa route emmenant comme guide Blaise Rebuffel, qui bon gré mal gré, dut accompagner la troupe.
Quelques heures après, d’ailleurs Blaise réussit tout ému encore, à revenir chez lui.
Tels seraient les détails donnés par Marie Catherine Funel, témoins oculaire, décédée à Séranon, le 13 Décembre 1897, âgée de près de 105 ans.
En 1836, la marquise de Gourdon lègue par testament mystique la bastide et des terres à la ville de Séranon ; et selon ses vœux, une école primaire libre pour jeunes filles s’installe dans les murs.