La biotechnologie, une discipline d’art contemporain



Les bactériologistes sont doués pour manipuler les microbes afin de régler des problèmes sanitaires ; ce qui en fait principalement des scientifiques. Mais une autre fin de leur manipulation dont on se doute sûrement le moins est la réalisation d’œuvres d’art. Cela semble être aberrant, n’est-ce pas ?

Des œuvres d’art conçues par des mains scientifiques

Les plus vieilles œuvres artistiques contemporaines datent de 1945. Cependant, bien avant, il y a un siècle, le scientifique Alexander Fleming a fait des peintures avec la pénicilline. Ce qui n’était rien d’autre que de l’art à l’aide des microbes. En fait, ces œuvres d’art à l’aide de microbes représentaient des croquis multicolores réalisés en se servant de différentes espèces de bactérie.

Tout comme ces premières, d’autres œuvres plus récentes ont également été faites à partir du principe de la prolifération des bactéries sur un milieu de culture.

Ainsi, en 2015, dans le concours Agar Art Competition initié par l’American Society for Microbiology, a vu l’artiste espagnole Maria Peñil Cobo décrocher le premier prix avec Neurons, en collaboration avec le microbiologiste Mehmet Berkmen. Neurons est une œuvre de bactéries jaune et orange cultivées sur le milieu de culture classique agar-agar. 

Mais les artistes chercheurs sont capables de créations plus authentiques. C’est le cas du plus populaire des œuvres d’« art bactérien », celui de Zachary Copfer. Ancien praticien de la microbiologie de formation, il a commencé après une carrière ennuyeuse dans une société pharmaceutique.

Grâce à son parcours, il n’a pas tardé à développer, en 2012, des œuvres en se servant de la bactériographie. Dans sa plus belle œuvre, il a utilisé les Serratia marcescens ; des bactéries de couleur rouge. En effet, la bactériographie se base sur les fondements de la sérigraphie.

Mais bien sûr qu’il y a encore des scientifiques artistes plus laborieux, qui manipulent le génome des bactéries pour faire de l’art. Eduardo Kac en est un illustre cas. En réalité, en 1999, il met au point l’œuvre Genesis, qu’il fit en choisissant un passage du livre de la Genèse dans la Bible : « Que l’Homme domine sur le poisson de la mer, sur les oiseaux de l’air et sur tout ce qui vit sur la Terre ».

Cette phrase est, par la suite, traduite premièrement en séquence nucléotidique puis l’inverse, en se servant du code morse. Mais entretemps, le gène est incrusté dans la séquence nucléotidique d’une bactérie de l’espèce Escherichia coli.

Cette espèce est ensuite placée en culture dans un milieu équipé de lumière ultraviolette. Et comme cette lumière provoque des mutations génétiques chez ces bactéries, Eduardo Kac a réussi à démontrer que les bactéries sont susceptibles de modifier les écrits bibliques, car en fin de compte, l’extrait de texte sacré intégré à l’ADN des bactéries Escherichia coli a été modifié par ces derniers au cours des mutations.

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