Carnet de voyage en Argentine

Après avoir été enchantés par la Bolivie, c’est en Argentine que nous posons nos valises.

Arrivée en Argentine

26 octobre

Nous quittons la Bolivie et arrivons en Argentine, toujours en compagnie d’Aurélie & Stéphane, notre couple suisse rencontré à Sucre. La route et les formalités douanières se passent donc dans la bonne humeur.

Patagonie
Patagonie

Le passage de la frontière se fait sans problème, 2 coups de tampons, et nous voici dans un nouveau pays. Le changement est évident, quelques mètres séparent les 2 pays, et pourtant la différence de niveau de vie est saisissante. L’aménagement urbain est plus développé et surtout le nombre de voitures personnelles est beaucoup plus important qu’en Bolivie ou au Pérou. Nous revoyons des voitures européennes alors qu’elles étaient pratiquement toutes de marques asiatiques ou inconnues dans les 2 pays précédents.

Renault, Peugeot, Citroën, l’Argentine doit être un marché rentable pour les constructeurs français. Nous prenons un bus pour rejoindre la Vallée d’Humahuaca. Sur le trajet, nous sommes arrêtés par un barrage de police. Tous les passagers doivent descendre, les soutes sont vidées et chacun doit passer devant un agent pour une fouille éventuelle des bagages. On apprend plus tard qu’ils recherchent de la drogue. Par précaution, nous avions laissé nos dernières feuilles de coca en Bolivie, il valait mieux car leur détention est illégale en Argentine. Finalement, ils nous laissent passer sans être fouillé. Nos amis suisses descendent du bus avant nous, nous nous retrouvons tous les deux pour notre première nuit argentine, que nous passons à Tilcara.

Tilcara

27-28 octobre

La première journée à Tilcara ne sera pas à retenir dans les annales. Comme les logements sont chers, nous quittons le dortoir de la veille pour tenter de trouver un peu moins cher. Après avoir monnayé un peu, on trouve. Mais quelle trouvaille ?! En y regardant de plus près, on se rend compte que la chambre ressemble à un squat, aucun sanitaire ne fonctionne correctement, Internet non plus, et la cuisine mise à disposition est un véritable dépotoir : les poubelles débordent, tout comme la vaisselle sale de l’évier, la table n’est pas débarrassée depuis on ne sait combien de jours et le frigo est rempli de plats à moitié vides qui moisissent. On finit par marcher dans les m… de chien qui inondent le jardin.

C’en est assez pour que l’on plie bagages une nouvelle fois. On trouve un petit camping où l’on se pose enfin. On part se promener à Pucara, les vestiges d’une fortification précolombienne où Nico glisse et se rattrape en posant la main sur un cactus. Bon, rien de grave hormis une demi-douzaine d’épines d’environ 3-4 cm plantées dans la paume de main. Le gardien lui fait les 1ers soins, très gentil mais mort de rire quand même ! Nous partons ensuite faire quelques achats pour le diner, une galette de pain grillée et fourrée au fromage nous tente bien, on n’est pas les seuls car à peine la galette posée au camping qu’un chat arrive pour en lécher un morceau… Bon, on se dit qu’il fera jour demain…

Tilcara
Tilcara

Après une nuit animée par des aboiements incessants, on décide de lever le camp et de quitter cette ville qui ne nous réussit guère. Mais surprise ! Nos amis Suisses débarquent au camping ! Il ne nous faut pas longtemps pour changer nos plans et décider de rester une journée de plus. Ça tombe bien, accompagné d’Aurélie & Stéphane, Nico peut faire la balade du coin pour voir une cascade. On clôture la journée par un excellent dîner que l’on se concocte : viande de bœuf grillée au barbecue, relevée d’une succulente sauce « Beurre Café de Paris » préparés par nos amis suisses et qui nous rappelle un beurre d’escargot français, avec des Röstis (galettes de pommes de terre râpées et grillées à la poêle) qu’on prononce [reuchtis] et surtout qu’on déguste goulument, un régal ! Le tout accompagné d’un bon vin rouge argentin bien sûr : un Malbec. Cette soirée-là restera dans les annales !

Purmamarca

29 octobre

Tous les 4, nous quittons Tilcara pour visiter Purmamarca. Charmant village de 500 habitants qui présente la particularité d’être adossé au Cerro de los Siete Colores, le Mont aux 7 couleurs. La roche se décline ici en rouge, violet, rose, orange, ocre, vert, et blanche. Après une petite balade et un bon déjeuner et nous reprenons le bus en direction de Salta, la grande ville du Nord Ouest argentin. Dès notre arrivée, nous filons au camping rejoindre Marion & Xavier, le couple de Bretons rencontrés à Sucre, en Bolivie et initiateur de la soirée crêpes. Nous posons nos tentes et passons une bonne soirée tous les 6, où une fois de plus, nous goutons au vin argentin, encore un Malbec.

Purmamarca
Purmamarca

Salta

30 octobre

Avec près de 500 000 habitants, Salta nous présente une fois de plus une Argentine plus développée que ses voisins Bolivien ou Péruvien. Les transports urbains sont assurés par un réseau de bus aussi développé qu’une ville comme Rennes. Les magasins sont plus spécialisés, on ne trouve plus de « tiendas », ces petites épiceries où l’on trouvait de tout et qui florissaient à chaque carrefour.  Plus de marché de rue, ou très rare, il se limite aux marchands de glace. On trouve des supermarchés plus importants, et même un Carrefour. Les rues piétonnes font la part belle aux magasins de mode, dont un Etam. C’est à la fois rigolo et déconcertant, on n’était plus habitué !

Les argentins sont habillés comme en Europe, fini les tenues traditionnelles et les chapeaux typiques. Et les couleurs de peaux sont encore plus diversifiées. A la fin du 19ème siècle, Buenos Aires jouit d’une économie en plein essor qui attira beaucoup d’immigrants d’Espagne, d’Italie, d’Irlande, d’Allemagne et d’Europe de l’Est. Les blancs ne sont donc pas tous que des touristes, une fois de plus, ça change.

On se cultive un peu au Musée archéologique qui expose des momies d’enfants sacrifiés sous l’empire Inca. Ces enfants ont été retrouvés en 1999 près du pic de Llullaillaco, un volcan de 6 739 m à presque 500 kms à l’ouest de Salta, à la frontière chilienne. A cette hauteur, le froid, la faible pression atmosphérique, l’absence d’oxygène et de bactéries ont permis de retrouver ces momies dans un état de conservation exceptionnel, avec leur peau, leur cheveu, leur dentition, on peut distinctement observer les traits des visages de ces enfants inhumés au 16ème siècle. Les incas nous fascinent encore.

Pour clore nos retrouvailles, nous préparons un barbecue pour apprécier la viande et le vin argentins. A notre table, viennent s’ajouter 2 autres couples tourdumondistes français, qui voyagent avec leurs enfants. L’un de ces couples a un projet qui nous laisse tous admiratifs, ils projettent des dessins animés aux enfants des localités qu’ils traversent. Ils nous partagent leurs souvenirs, ceux d’Afrique sont les plus émouvants. Très belles rencontres.

Cafayate

31 octobre – 2 novembre

Aujourd’hui, les Suisses, les Bretons et les Normands se séparent, chacun partant pour des destinations différentes. En ce qui nous concerne, nous faisons un petit crochet pour aller visiter la vallée de Cafayate, la deuxième région vinicole du pays. La route pour y accéder nous fait découvrir les superbes paysages arides de la Vallée de Cafayate, avec des mini canyons, des strates et des roches polychromes. La ville de Cafayate compte plus de 10 000 habitants et est très touristique, nombreux bars, restaurants et boutiques d’artisanat ornent sa place centrale.

Nous nous promenons à travers les vignes pour retrouver des peintures rupestres, en grimpant un peu, nous jouissons d’une belle vue sur la ville et les champs environnants. Plusieurs établissements viticoles ou Bodegas proposent des visites et dégustations. Nous en profitons pour découvrir la spécialité de Cafayate : le Torrontés, un cépage produisant un vin blanc sec. Après dégustation, nous conviendrons que nous préférons les récoltes tardives. La région produit également des rosés et des rouges : Cabernet Sauvignon, Malbec et le Tannat. Une autre spécialité de la ville vient d’un glacier qui a décliné un parfum de glace au vin, nous avons gouté celle au Torrontés, il faut aimer le vin, car c’est assez particulier comme goût.

3 novembre

Journée de transition, nous prenons un bus pour rejoindre Salta (4h de trajet) puis un deuxième pour Posada, au nord-est du pays (18h de trajet). Seuls moments mémorables de la journée : Nico marche dans la m.. de chien qui a été déposée dans la nuit à quelques mètres de la tente, et au moment de plier celle-ci, on se rend compte que l’un d’entre eux a uriné dessus. Ah ! Mon petit doigt me dit qu’on n’est pas prêts d’en avoir un à la maison !

San Ignacio Mini

4-5 novembre

Après un long trajet, nous arrivons à San Ignacio, une petite ville de 7 000 habitants, située au nord-est du pays, toute proche de la frontière du Paraguay. Dès la sortie du bus, nous sommes accueillis par une chaleur saisissante et humide, nous sommes en forêt subtropicale. La végétation est dense même si les effets de déforestation sont visibles. L’intérêt de notre venue ici est d’en savoir plus sur les Missions Jésuites qui se sont installées dans la région, et dont la mieux conservée d’Argentine se trouve à San Ignacio. La ville semble relativement pauvre, seules quelques rues sont pavées, beaucoup d’indiens indigènes vendent leur artisanat à l’entrée du site historique, qui est ceinturé de restos-hôtels touristiques qui pratiquent des prix prohibitifs pour un service médiocre.

Un peu d’histoire sur les Missions…

A partir de 1609 et durant un siècle et demi, la région a été investie par des prêtres Jésuites qui y installèrent des missions en pleine jungle afin d’évangéliser et éduquer les tribus indiennes indigènes : les Guarani. A leur apogée, on dénombrait une trentaine de missions réparties sur les territoires actuels du Paraguay, du Brésil et de l’Argentine ; et qui recensaient près de 100.000 Guaranis Ces derniers tiraient avantage des missions qui leur apportaient sécurité, nourriture et éducation. Chaque mission comprenait un minimum d’Européens, généralement 2 prêtres, qui organisaient une hiérarchisation de la société tout en maintenant le Chef Guarani à son sommet.

Les Indiens se gouvernaient eux-mêmes. En outre de leur travail d’évangélisation, les Jésuites inculquèrent aux Indiens des techniques d’artisanat et l’enseignement de la musique. Ils firent construire des maisons pour abriter les familles Indiennes, mais aussi des églises, des ateliers, des entrepôts et des écoles pour les enfants.

Maquette reconstitutive de la Mission de St Ignacio

Chaque mission comprenait un minimum d’Européens, généralement 2 prêtres, qui organisaient une hiérarchisation de la société tout en maintenant le Chef Guarani à son sommet. Les Indiens se gouvernaient eux-mêmes. En outre de leur travail d’évangélisation, les Jésuites inculquèrent aux Indiens des techniques d’artisanat et l’enseignement de la musique. Ils firent construire des maisons pour abriter les familles Indiennes, mais aussi des églises, des ateliers, des entrepôts et des écoles pour les enfants. Ils n’imposèrent pas l’espagnol et hormis les pratiques de cannibalisme et de polygamie, ils ne firent pas changer les rites et traditions Guarani.

Mais si cette utopie humaniste fut saluée par Voltaire, les Missions Jésuites suscitèrent la jalousie des autres colons qui ne voyaient pas les Indiens suffisamment assujettis à l’empire espagnol. Enfin, l’absence supposée de loyauté envers la Couronne Espagnole poussa le Roi Charles III à bannir les Jésuites de ses colonies en 1767. Les prêtres partis, les communautés devinrent vulnérables et se dispersèrent. Il ne reste aujourd’hui que des ruines de ces missions éparpillées dans les jungles des trois pays. En Argentine, à San Ignacio, les ruines qui avaient été reconquises par la végétation ont été redécouvertes en 1897 et restaurées dans les années 40.

Ces ruines sont un bel exemple du style architectural connu sous le nom de « baroque guarani ».

Après une journée culture, nous louons des VTT pour se promener à travers les pistes des parcs nationaux qui entourent la ville. La végétation est très dense, et hormis lézards et papillons, nous observons peu d’animaux.

6 novembre

Nous reprenons un bus pour rejoindre Puerto Iguazu, située à l’extrême Nord Est du pays pour y admirer les chutes d’eau d’Iguazu. Placées aux frontières de l’Argentine, du Paraguay et du Brésil, les cascades ont la réputation d’être l’un des plus beaux joyaux d’Amérique Latine.

Les chutes d’Iguazu

7-8 novembre

Iguazu
Iguazu

Les chutes peuvent se visiter depuis des parcs aménagés des côtés Argentins et Brésiliens. Nous passons près d’une journée du côté argentin et complétons par une matinée passée du côté brésilien. Peu de mots à dire, les photos parlent mieux d’elles-mêmes. Les chutes sont impressionnantes par leur taille, leur bruit et leur écume qui peuvent nous tremper complètement si on s’approche de trop près. Comparé à Niagara, le site d’Iguazu est beaucoup plus intéressant, à la fois par l’aménagement qui propose d’apprécier les chutes de plusieurs points de vue (d’en haut, d’en bas et une vue panoramique depuis le côté brésilien) ; mais surtout par leur environnement, situées en forêt subtropicale, la végétation est très importante, rien à voir avec les contours bétonnés de Niagara.

Quelques infos : les chutes datent de 150 millions d’années et on en dénombre 275 aujourd’hui. Iguazu signifie en Guarani « grande rivière ou grande eau », les chutes s’étendent sur une longueur de plus de 2 km et sur une hauteur de 80 m. Le débit varie entre 1 300 m3 par seconde en avril et 2 500 m3/s en octobre.

Buenos Aires

9-11 novembre

Une fois de plus, nous prenons un bus de nuit pour rejoindre la capitale (20h de trajet), le pays est grand mais le réseau de bus est dense et ces derniers sont relativement récents et offrent un confort à bord tout à fait convenable pour ses longs trajets, avec la diffusion de films, des sièges inclinables et la distribution de petits plateaux repas.

Buenos Aires, l’Européenne…

Avant de rejoindre le centre de Buenos Aires nous traversons une vaste banlieue où autoroutes et ponts s’entrelacent, des zones commerciales avec des enseignes familières (Carrefour, Mc Do, Burger King). Et nous devons patienter un long moment dans les embouteillages. Cette capitale commence à nous en rappeler d’autres. Une fois en centre-ville, nous rejoignons notre auberge de jeunesse en empruntant le métro, dès les premiers couloirs, on se croirait à Paris. En en ressortant, on pourrait s’imaginer à Madrid. Nous consacrons deux jours de visite mais c’est insuffisant pour tout apprécier.

Centre-ville de Buenos Aires
Centre-ville de Buenos Aires

L’architecture est hétéroclite, le vieux côtoie le moderne et le contraste est parfois assez déroutant. Pourtant l’ensemble est assez plaisant, toute cette diversité s’emboite bien. On retrouve bien sûr des édifices coloniaux, mais également des immeubles de style parisien, d’autres de style anglo-saxon, qui avec les promeneurs de chiens, pourraient rappeler New York. Nous traversons des quartiers chics et arborés, dotés de boutiques et bars ultra branchés, des quartiers plus populaires tout aussi charmants. Le quartier des affaires est pourvu de grattes ciels modernes, et le centre est très animé avec tous ces magasins.

Les cafés-brasseries rappellent Paris et nous y profitons d’une bonne cuisine. Buenos Aires, la cosmopolite, s’est bien sûr appropriée toutes ces tendances européennes avec tous les immigrants du vieux continent qui sont arrivés à la fin du 19ème. L’influence italienne nous offre aujourd’hui des pizzas, pâtes fraiches et délicieuses glaces qui n’ont rien à envier à leurs ancêtres. Nous trouvons encore les empanadas, ces mini calzones déjà rencontrés en Bolivie et dont on ne se lasse pas.

La viande est bien sûr à l’honneur dans les nombreuses parrillas (grill, restaurant de viande), où l’on peut la déguster grillée, accompagnée d’un bon verre de vin. Nous avons également profité des facturas, des petites pâtisseries de toutes sortes : croissants, chichis, le tout sucré, parfois garni de crème ou de dulce de leche, leur Nutella local qui est décliné sous toutes les formes possibles et qui rappelle la confiture de lait.

Buenos Aires
Buenos Aires

Pour mieux apprécier les charmes de la capitale, nous avons bénéficié de la rencontre et des conseils de Rachel, jeune Viréenne qui fait ses études à Buenos Aires.

Elle nous a ainsi fait découvrir le maté, qui est une véritable institution en Argentine. Il s’agit d’un thé à base de yerba mate, qui ressemble au thé vert, au goût plutôt amer pour le palais non initié. Les argentins en consomment toute la journée, à tout moment. Pour cela, ils se promènent avec leur thermos, et de l’eau chaude est souvent à disposition dans les lieux publics. Le maté se prépare dans un récipient appelé calebasse et il se boit à l’aide d’une bombilla, une sorte de paille métallique qui sert aussi de filtre. La préparation et la dégustation relèvent du rituel ancestral.

On se nourrit aussi l’esprit au Musée des Beaux-Arts, Rodin, Monet, Van Gogh, Cézanne et bien d’autres encore. On se repose dans les nombreux parcs, où les Portenõs (habitants de Buenos Aires) font du sport, depuis notre arrivée en Amérique Latine, c’est 1ère la fois que nous rencontrons autant de joggeurs. Le football est bien sûr une religion ici, et en bons pèlerins nous nous rendons dans le quartier populaire de la Boca, où les rues avoisinantes du stade de La Bombonera sont déclinées en jaune et bleu, les couleurs du club de la Boca Juniors, l’ancienne équipe de Diego Maradona. Impossible de le louper ici, érigé en Dieu, on nous explique d’ailleurs comment cela s’écrit ici : D10S, en hommage au numéro de maillot du célèbre joueur.

Tout comme Paris n’est pas la France, Buenos Aires nous a offert un visage totalement différent que celui que nous avions de l’Argentine jusqu’ici, plus moderne, développée et très européanisée. Nous avons été conquis par cette ville, peut-être parce que nous y avons retrouvé des repères, associés au charme latin. Néanmoins, notons que nous n’avons visité que le centre. Or, Buenos Aires est très vaste et elle accueille près d’un argentin sur 3. On compte plus de 3 millions d’habitants et 13 millions avec sa banlieue. Cette densité de population entraine bien sûr pollution, chômage et pauvreté auxquelles nous n’avons pas été confrontés pendant nos visites. 

Péninsule Valdès

12-13 novembre

Baleine

Nouveau bus de nuit pour rejoindre la Péninsule Valdès, où nous venons admirer les baleines qui viennent s’y reproduire dans cette réserve naturelle de 3 600 km2, inscrite au Patrimoine mondial de l’humanité. La péninsule abrite de nombreux animaux : des lions et éléphants de mer, des manchots mais la plus grande attraction est la baleine franche australe.

Les eaux moins froides des golfs de la péninsule offrent aux baleines une zone abritée pour accoucher et élever leurs petits sur la période de juin à mi-décembre. Une fois les baleineaux suffisamment armés pour affronter l’océan, elles migrent avec leurs petits vers le pôle Sud. Une excursion en bateau nous permet de les approcher et de les admirer remonter à la surface. Nous ne sommes pas déçus, nous en voyons une multitude. Nous sommes déjà comblés lorsqu’un baleineau de 3 mois se met à jouer autour du bateau, pendant ¼ d’heure, il tourne et passe sous l’embarcation. Nous redevenons des gosses. C’est magique ! Un moment inoubliable.

14 novembre

Petite matinée tranquille au camping, on se croirait un peu en vacances, avec ce soleil et la plage à côté… On fait un peu de lessive, et on papote pas mal avec Charline & François (et Kiki), les tourdumondistes nantais, rencontrés en Bolivie, croisés à Ignacio, et maintenant ici. Avec nos Bretons (de Sucre-Bolivie) que nous avions également retrouvés ici, on se dit que le monde n’est pas si grand finalement !

Ce soir, nous reprenons un bus pour descendre au Sud du pays, mais le bus a du retard. L’avantage c’est que l’on trouve facilement une connexion Internet en Argentine, nous profitons donc d’un accès wi-fi pour patienter les 4h d’attente dans la gare.

15 novembre

Le trajet de nuit s’est bien passé. La matinée nous permet d’apercevoir les paysages. Depuis la péninsule Valdès, nous sommes arrivés dans cette fameuse région : la Patagonie. Nous traversons des étendues de plaines jusqu’à l’horizon, clôturées sur des kilomètres. La Patagonie argentine s’étend sur le versant sec des Andes chiliennes, rempart contre les tempêtes du Pacifique. Après avoir arrosé le versant maritime des Andes, elles prennent la forme de violents vents secs qui balayent les plaines arides de Patagonie.

Nous arrivons à la ville côtière de Rio Gallegos, où une correspondance devait nous permettre de rejoindre El Calafate, notre prochaine étape. Mais bien sûr, étant donné le retard du départ, nous manquons la connexion, et devons patienter 5h dans la gare. Une nouvelle fois, Internet nous occupe bien, et un hypermarché CARREFOUR, planté au pied de la gare, nous permet de refaire le plein de courses. La vie n’est pas si mal faite parfois ! Nous arrivons finalement à bon port vers 1h du matin, on se dirige rapidement au camping. Après 33h de bus et d’attente en gare, nous apprécions notre petite tente et nos duvets.

El Calafate – El Chaten

16 novembre

Ville de 15.000 habitants, El Calafate est très touristique car idéalement placée à proximité du Parc National de Los Glaciares où nous prévoyons randonner et également visiter le site du glacier Perito Morino. La rue principale est bordée d’agences de tourisme, de magasins de souvenirs, d’hôtels et de restaurants aussi branchés que les bars et les boutiques. Cette ambiance très touristique ne nous enchaîne guère mais la ville nous permet de préparer nos prochaines excursions. Nous prenons un bus pour rejoindre la toute nouvelle ville d’El Chaten (créée en 1985). La plus jeune localité du pays accueille tous les ans des milliers de visiteurs venus explorer le parc.

Parc National Los Glaciares

17-19 novembre

Nous partons pour 2 jours ½ de trekking dans le parc. Au programme : des montagnes, des forêts, des lacs et des glaciers. L’attraction principale est le mont Fitz Roy qui domine le parc de ses 3 405 m d’altitude. D’autre part, la vue sur les glaciers est impressionnante, le bruit d’un morceau de glace qui se détache et tombe dans la lagune l’est plus encore. Un vrai coup de tonnerre ! La rencontre de la faune locale est surtout marquée par un woodpicker ou pic vert, c’est un mâle avec un pelage noir et une tête toute rouge rehaussée d’une superbe crête, rouge également. Il est très occupé à taper du bec contre un arbre, accroché à la verticale contre son tronc. Le geste est précis, répétitif et très fort ! On se dit qu’il ne faudrait pas se prendre un coup de bec.

Cette activité lui permet non seulement de se nourrir mais aussi de communiquer avec ses compères.

Glacier Perito Moreno

20 novembre

Glacier Perito Moreno
Glacier Perito Moreno

Nous consacrons plusieurs heures à la visite au glacier, qui représente l’un des champs de glace les plus mobiles et les plus accessibles de la planète. Quelques chiffres pour mieux comprendre son envergure : 30 km de long, 5 km de large et mesure en moyenne 60 mètres de haut. Son avancée constante peut atteindre jusqu’à 2 mètres par jour. La formation d’un glacier est due à la chute constante de pluie ou de neige, qui se retrouve coincée dans une zone d’accumulation. Comprimée par son propre poids pendant des milliers d’années, la neige se transforme en glace.

Sous l’effet du poids, le glacier glisse peu à peu vers l’aval. Au cours du glissement, la glace fond à la base, se mélangeant à la terre et aux pierres. Ces mouvements sont à l’origine des crevasses et des fissures qui sculptent la glace. Les glaciers nous apparaissent bleus lorsque la glace est si compacte que seule la lumière bleue peut s’infiltrer et nous renvoyer ces reflets. Le glacier est énorme, il est difficile de se rendre compte de son envergure. Parfois, quelques « morceaux » de glace tombent avec fracas dans le lac où se répand le glacier. Ce sont alors plusieurs tonnes de glace qui se détachent. Impressionnant ! Une fois de plus, on se sent tout petits face à ce mastodonte.

21 novembre

Nous prenons un bus pour nous rendre au Chili. Nous ferons plusieurs allers-retours entre les frontières des 2 pays qui se partagent les merveilles de la Patagonie (pour la suite, voir Carnet de route Chili).

Après le Chili… retour en Argentine

30 novembre

Nous reprenons un bus pour rejoindre la ville qui se revendique comme la plus australe du monde entier, Ushuaia ou la ville du bout du monde. Ushuaia est situé en Terre de Feu, côté argentin. Séparé du continent par le détroit de Magellan et partagé entre le Chili et l’Argentine, l’archipel se compose d’une grande île, Isla Grande de Tierra del Fuego, et de nombreuses îles plus petites, souvent inhabitées.

Parc National Tierra del Fuego

1-3 décembre

Nous commençons ce nouveau mois, par un nouveau parc national avec quelques randonnées prévues pour découvrir les paysages de la Terre de Feu. Nous arrivons en fin de matinée, posons la tente au pied d’un petit lac, le soleil est là, le cadre est idyllique, tout se passe idéalement.

Parc National Tierra del Fuego
Parc National Tierra del Fuego

Mais pendant que Nico s’écarte un peu à la recherche un abri pour le réchaud, un rapace s’approche de nos provisions sorties du sac. Il réussit à déchirer le sachet de pain et repartir avec 2 morceaux pour aller le déguster à quelques mètres. Impassible, il nous toise lorsqu’on tente de reprendre notre bien. Tant pis, on regarde un peu dépités notre voleur s’envoler avec notre pain !

Nos autres voisins, les lapins qui pullulent dans le parc, seront plus cléments. Une fois digéré le fait que nous devrons nous passer de pain pour le déjeuner, nous nous apprêtons à passer « à table ». Mais la poignée de la gamelle joue des tours à notre cuisinier qui lâche la gamelle, et voilà nos saucisses-purée faces contre terre ! Ah ! On s’attendait à des conditions hostiles, mais pas tant !

Mais finalement nous serons chanceux pour visiter le parc. Nos randonnées se font sous un soleil éclatant, la température monte, une exception pour la région. Les panoramas en sont d’autant plus beaux. On déambule entre les lacs, les forêts, des petites baies qui ressembleraient aux Antilles si on trouvait des cocotiers ! L’une des rando nous fait grimper au Mont Guanaco à 973 m, nous traversons des zones marécageuses et la montée est un peu raide mais la récompense dépasse nos espérances. Arrivés en haut, on domine tout le parc, surplombe la baie d’Ushuaia et nous pouvons admirer les monts enneigés. On croirait avoir conquis un sommet de très hautes montagnes !

Sur le chemin, nous rencontrons un castor qui fait des allers-retours dans sa petite marre, au bord de son barrage. Les castors viennent d’Amérique du Nord, ils ont été introduits par l’homme pour le commerce de leur fourrure dans les années 1940. Mais le succès n’a pas été au rendez-vous, et pis, la population s’est fortement développée, (le castor n’ayant pas de prédateur dans la région), provoquant d’énormes dégâts écologiques. En effet, pour la construction de leurs barrages, les castors détruisent les forêts environnantes et dévient le cours naturel des rivières, asséchant et inondant certaines zones. Le lapin européen a également été introduit, pour le grand bonheur des renards. Nous trouvons de nombreux crustacés, des moules à foison, et une multitude d’oiseaux.

Nous sommes une nouvelle fois très chanceux, nous retrouvons au camping nos amis suisses Aurélie & Stéphane ! Cet heureux hasard nous laisse pantois et béats ! Nous passons la soirée autour d’une boisson chaude à se raconter nos aventures respectives depuis notre dernière séparation à Salta, au Nord de l’Argentine. Pendant notre discussion, la vie nocturne du parc s’anime un peu, nous sommes entourés de lapins, d’oiseaux, un vrai documentaire animalier se déroule autour de nous. Le clou du spectacle a lieu lorsqu’un renard fait son irruption, il contourne la tente, et nous regarde tout en passant à quelques mètres de nous comme si de rien n’était. Son naturel nous fait halluciner, on croirait un chien… mais non, c’est bien un renard ! Il se pose à une vingtaine de mètres de nous pour chasser le lapin ! Nous sommes tous les 4 médusés par cette nature qui suit son cours sous nos yeux écarquillés.  Cette soirée très riche de rencontres restera inoubliable.

Pour quitter le parc, nous tentons une nouvelle expérience : le stop. Et ça marche dès le 1er essai ! La rencontre de cette institutrice qui nous embarque est très sympa. Décidemment nous sommes ravis de notre passage dans ce parc.

Ushuaia

3 décembre

La ville de 60.000 habitants est un port animé, à l’architecture un peu chaotique. Dans la rue principale, agence de voyages, bars et boutiques branchés aux devantures neuves côtoient les anciennes maisons aux façades de tôles ondulées colorées. Tout ça nous rappelle l’Islande avec l’ambiance d’une station de ski. De là, nous pourrions embarquer pour une croisière vers l’Antarctique, mais nos moyens et le calendrier ne nous le permettent pas. Pas grave, une autre croisière nous attend au départ de Puerto Natales au Chili que nous rejoignons le lendemain (voir Carnet de Chili).

Ushuaia
Ushuaia

Nous quittons l’Argentine sur ces images de la Patagonie, sans être rassasiés de ces paysages et de sa faune. Nous y reviendrons peut-être… L’Argentine nous a offert du bon vin, de la bonne viande, et de délicieuses facturas (pâtisseries). La rencontre avec les pingouins et les baleines resteront parmi nos meilleurs souvenirs, ainsi que les retrouvailles avec nos amis tourdumondistes avec qui les soirées étaient bien chaleureuses.

Maintenant, direction le Chili pour de nouvelles aventures !

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Cédric G.
Cédric G.

Rédacteur en chef de Fondarch.lu, je suis passionné par l'architecture, l'art, le design, la déco et les voyages.

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