Et pourquoi (pas) le Laos ?
Tout d’abord, certains auront peut-être remarqué que le Laos ne faisait pas partie de notre itinéraire initial. Nous y avions pensé avant de partir, mais voilà, il avait fallu faire des choix et on l’avait donc laissé de côté. « Grave erreur ! » nous ont dit plusieurs routards rencontrés au cours du voyage. « Si vous allez au Vietnam, Cambodge, Thaïlande, il faut aller au Laos ! ». Alors, voilà, on a repris nos agendas, nos cartes, nos guides et on a réussi à consacrer quelques jours à ce petit pays dont on nous disait le plus grand bien.
Notre arrivée au Laos
21 février
Nous quittons le Cambodge dans un mini van où l’on s’entasse une fois de plus avec marchandises jusqu’au plafond et avec toujours plus de passagers que ne prévoit le constructeur. Mais bon, on y arrive et nous voici à la frontière. Ah ! Le passage des frontières, toujours un moment agréable en perspective. Contrairement à la plupart des autres voyageurs, nous avons déjà notre visa, préalablement obtenu dans une ambassade. Lorsqu’on apprend le prix qu’ils doivent payer, on comprend que certains se prennent une commission non négligeable.
Ensuite, l’un des touristes se voit contraint de refaire son visa qu’il avait déjà obtenu et donc de le payer 2 fois ! Finalement, notre visa est ok, mais nous devons lâcher 2 dollars pour obtenir le tampon de sortie du Cambodge et encore 2 dollars pour celui d’entrée au Laos. Pas certain que cela arrive dans les caisses des gouvernements…
Les 4000 Iles
Bref, nous voilà au Laos et arrivons bientôt à notre première destination : les 4000 Iles. A l’extrême sud du pays, le Mékong se divise en une multitude de bras où sont éparpillées des myriades d’îles à la végétation luxuriante. Nous choisissons l’une des plus petites pour goûter à la tranquillité et au charme vanté dans les guides.
Oui, mais voilà, à peine débarqués sur l’île, nous nous sentons en décalage total avec le « tourisme » développé ici. Il s’adresse surtout à des jeunes gens venus faire la fête avec drogue et alcool à profusion. L’île est sale, surpeuplée, les logements sont à des prix exorbitants par rapport à la qualité proposée. Le contact avec la population est inexistant et limite polie avec les prestataires de service. Bref, on n’a pas choisi la bonne destination pour entamer le Laos. Nous sommes dépités et attendons avec hâte le bateau du retour du lendemain. On sait qu’il existe un autre endroit dans le même genre (Vang Vieng), on s’abstiendra d’y faire un tour.
Paksé
22 février
Nous quittons sans regret cette île polluée (dans tous les sens du terme) et voyageons encore bien entassés jusqu’à Paksé. La ville ne présente pas d’intérêt particulier hormis d’avoir le seul centre commercial du pays, entendez une petite galerie avec 2 escalators et un supermarché « Les Frères Tang », les mêmes que dans le 13ème arrondissement de Paris. Encore des chinois, pour le business, on les trouve partout ! Paksé on ne va y rester non plus, mais la ville va nous servir de point de départ pour une petite excursion de deux jours en scooter dans le Plateau des Bolovens environnant, qui promet de beaux paysages et de belles rencontres. Pour l’expédition, nous serons accompagnés de Dominique, encore un Suisse ! On va finir par y prévoir nos prochaines vacances ! J
Plateau des Bolovens
23-24 février
Et voilà, c’est parti. Mais au bout d’une trentaine de km, on s’arrête et on se demande ce qu’il y a vraiment à voir. Des taillis assez denses bordent la route et nous empêchent de profiter vraiment du paysage. Les profils des montagnes se font apercevoir au loin dans la brume. Nous traversons des villages qui présentent l’architecture khmère avec des maisons sur pilotis, le plus souvent en bois ou en bambou tressé. La pauvreté est évidente, les conditions de vie sont plus rudimentaires que dans les pays voisins. Mais même réduites au strict minimum, les maisons sont quasi toutes équipées de parabole pour capter la télévision. On se demande tout de même de quoi ils peuvent vivre ici.
Au fil des kilomètres, nous nous arrêtons pour voir des cascades, le site est mignon mais ne nous retient pas longtemps. Nous remontons sur les scoot’ et traversons des forêts d’arbres plus ou moins secs, des plantations d’hévéas et de bananiers. Petite pause dans un marché où nous découvrons quelques spécialités locales dont des crapauds vivants dans un seau à l’eau noirâtre, mais on ne sait pas trop si ce n’est pas les crapauds qui sont noirs plutôt ? Mais on se contente de goûter à des beignets et du jus de sucre de canne.
On reprend la route et arrivons à Sekong, notre étape pour ce soir. Nous visitons le marché de la ville et nous ne sommes pas au bout de nos surprises, cette fois ce sont d’énormes vers blancs qui ont été cueillis semble-t-il par des fillettes. Elles nous expliquent (du moins ce qu’on comprend) que ça peut se manger grillé. On se contente une nouvelle fois du stand d’en face avec ces nems délicieux et beignets de bananes.
Le sourire quoiqu’il arrive
Le soir, nous cherchons un restaurant mais le choix est très limité dans cette province reculée. Enfin installés, le serveur nous apporte les cartes. Au moment de la commande, le serveur nous répond par la négative, toujours avec le sourire, à chaque plat que nous souhaitons commander. Et finalement, il finit par nous annoncer que le cuisinier est parti ! Mais tout cela avec le sourire !
Le lendemain, c’est reparti nous sommes prêts pour une deuxième journée de scooter. Mais avant cela, petit déjeuner ? Ah ! Ben ici, le choix est restreint ou bien local, à savoir une bonne soupe de nouilles et de viande non identifiée. On se contente d’un café. Tout comme au Vietnam, c’est un café filtre assez fort, adouci au lait concentré. Jolie surprise, on aperçoit des élèves ramasser les déchets le long de leur école. On salue cette initiative car tout semble jeté n’importe où. La pollution est constante sur les bords des routes, en ville et en campagne, et parfois jusque dans les cours des particuliers.
Nouvel arrêt dans un marché. Cette fois, on trouve une espèce de porc-épic et 2 écureuils à vendre sur un étal. Ils sont morts d’on ne sait quoi, écrasés ou assommés ? le sang séché de leur plaie est encore là… No comment.
Le Dakar au Laos
Et c’est reparti, toujours accompagnés de Dominique nous découvrons une nouvelle chute d’eau, pareil, c’est mignon mais on ne s’attarde pas. Nous traversons ensuite des paysages de rizières asséchées. Il ne reste que du foin que des vaches broutent semble-t-il en toute liberté. Si les rizières étaient vertes, ce serait sûrement beaucoup plus joli. Nous empruntons une piste, et là les choses sérieuses commencent. A chaque véhicule rencontré, nous sommes contraints de nous arrêter tant le nuage de poussière dégagé est si important que l’on ne voit plus rien. Aux passages les plus corsés, la piste devient farineuse, quand une montée s’annonce, il faut prendre de l’élan pour ne pas se retrouver bloqué en plein milieu. 70 km de piste, et on arrive recouvert d’une jolie pellicule orange des pieds à la tête.
Sur la route, nous avons traversé des forêts assez denses, de grandes chutes d’eau, plus impressionnantes et sauvages que les sites touristiques. Nous traversons de rares petits villages et décidons de s’arrêter dans un hameau où des femmes travaillent. Elles sont une petite dizaine de 10 à 35 ans, et par groupe de trois, elles séparent l’écorce du grain de riz, chacune leur tour, à l’aide d’un pilon. L’image nous fait penser à l’Afrique. En nous voyant débarquer là, elles semblent très surprises.
Elles acceptent les photos, rigolent en se voyant à l’écran de l’appareil mais se remettent vite à la tâche. Nous ne restons pas longtemps, non pas que nous souhaitions vraiment partir, mais le malaise est palpable. Nous ne voulons pas abuser de leur accueil et de leur patience. On espère ne pas avoir dérangé… On continue la route à travers les plantations de café. Pour clôturer la journée, nous nous arrêtons et trempons nos pieds au pied de jolies chutes d’eau. On se repose et papote avec Dominique. Nous faisons un dernier arrêt sur le chemin du retour chez un forgeron. L’accueil n’est très chaleureux, une fois de plus on se demande si nous faisons bien de nous arrêter. On se demande ce qu’ils peuvent bien penser de notre venue.
Cette visite des plateaux de Bolovens nous laisse un sentiment mitigé, tant pour les paysages que l’accueil de ses habitants. Les paysages doivent être plus appréciables après la saison des pluies, et connaître quelques mots de laotien n’aurait pas été superflu pour faciliter les rencontres.
Nous sommes de retour à Paksé en fin d’après-midi. Nous avons juste quelques heures devant nous pour se poser dans un café, se dépatouiller un brin et se restaurer. Nous prenons un bus de nuit pour rejoindre Vientiane, la capitale.
Vientiane & retrouvailles
25-26 février
Nous arrivons de tôt matin dans la capitale laotienne. Nous nous rendons à une auberge où résident Charline & François, nos amis tourdumondistes (rencontrés en Bolivie, et retrouvés au Chili). Nous prenons une bonne douche pour être plus présentables et profitons d’une agréable journée en leur compagnie. Pas grand-chose à voir à Vientiane, et c’est tant mieux, nous pouvons donc nous promener tranquillement, goûter aux pains au chocolat et échanger les bons plans. Cela fait du bien de retrouver des visages familiers et de partager nos impressions respectives.
Nous sommes quasiment au même moment de nos tours respectifs, avec un tracé très similaire, donc on se comprend bien ! Et Tigrou est de nouveau ravi de retrouver Kiki ! Nos amis nous quittent pour un bus de nuit. Nous nous promenons alors sur les berges du Mékong ensablé où sont installés des stands d’artisanat et de restauration. On déguste des crêpes sucrées et salées. Pas grand-chose à faire ici certes mais on mange bien J.
Le lendemain, nous nous promenons un petit peu, temples, palais présidentiel, rien de bien folichon. Et surtout, quel calme ! Ok, nous sommes dimanche, mais cela faisait longtemps que nous n’avions pas remarqué que cela faisait une différence avec les autres jours. Ici, pas mal de magasins et restaurants sont fermés, et les rues sont presque désertes. Nous rentrons à l’hôtel pour nous abriter nous aussi de la chaleur. Ce soir, nouveau bus de nuit pour remonter encore vers le Nord, direction Luang Prabang.
Luang Prabang
27-29 février
Charline & François nous avait prévenu : la route est mauvaise. Et effectivement, elle est mauvaise : c’est une piste sur une première moitié du trajet, criblée de nids de poules ; et une route de montagnes aux virages innombrables pour la seconde moitié. Le bus s’arrête toutes les deux heures, la musique pop thaïlandaise tourne en boucle et le chauffeur manque de s’endormir, nous par contre, ne dormons pas beaucoup. Nous arrivons fatigués mais en vie !
Luang Prabang est une charmante ville qui devrait nous réconcilier avec le Laos. Véritable centre religieux du pays, elle abrite d’innombrables temples tous plus beaux les uns que les autres, et c’est ici que de nombreux jeunes bonzes viennent s’éduquer. La ville a également conservé beaucoup de vielles maisons et bâtiments. Classée au Patrimoine mondial de l’humanité, la ville a reçu de nombreuses subventions pour les restaurer. Nous commençons notre visite tranquillement en remontant la longue rue principale, bordée de restaurants (aux plats occidentaux), de cafés et boulangeries branchées, d’agences de tourisme, de salons de massages et de magasins de boui boui à touristes classiques.
Malgré tout cela, la ville conserve un certain charme, surtout du côté des rues parallèles qui bordent la rivière. On se laisse tenter par une petite terrasse qui nous offre une bonne cuisine en sus d’une jolie vue. C’est le moment d’essayer des spécialités avec un plat au curry jaune, relativement épicé, accompagné de sticky rice : du riz collant, qui se mange à la main, en faisant une petite boulette qu’on trempe dans son plat, un peu comme on le fait chez nous avec un morceau de pain pour saucer. C’est plutôt bon. On visite quelques jolis wats (temple), mais pas tous sinon il faudrait y passer plusieurs jours. On essaie également une autre spécialité : le massage. Ce sera massage de pieds, un peu douloureux, un peu chatouilleux mais ça ne fait pas de mal.
L’aumône des bonzes
5h30, nous sommes dans les rues de Luang Prabang pour observer ce rituel quotidien qu’est l’aumône des bonzes. Nous l’avions déjà observé dans les rues des autres villes, au petit matin, les bonzes sortent de leur temple pour faire l’aumône de leur repas du jour. Les croyants offrent riz, bananes, gâteau et même argent dans le but de gagner des mérites pour avoir une meilleure vie après celle-ci. Le rituel est particulièrement intéressant à Luang Prabang car ils sont plus d’une centaine à sortir en même temps.
Mais voilà, il fait nuit, on ne voit rien et on ne sait pas trop où aller. Par contre, si l’on souhaite acheter du riz ou des bananes, pas de problème ! Les petites vendeuses sont déjà de sortie pour permettre à tout à chacun de se convertir en parfait donateur. Nous patientons donc sur le trottoir que le jour se lève, la procession ne commence pas avant. Mais le spectacle est déjà là. Nous ne sommes pas les seuls « blancs » à errer dans la ville.
Et c’est assez rigolo de les regarder s’installer avec leurs offrandes, parfois guidés par le chauffeur de l’agence touristique qui les a déposés ici. Puis d’un coup, les premiers bouts de tissus orange font leur apparition. Les bonzes défilent, à la queue leu leu, innombrables, apparemment imperturbables devant ce flot de touristes qui braquent leur appareils photos sur eux. Ils récoltent les offrandes des fidèles et des touristes et en redistribuent une partie aux enfants ou malheureux qui mendient sur leur passage. Bon, c’est à voir, mais le cinéma de certains occidentaux et la mendicité font vraiment pitié. Dans certains lieux publics, des panneaux incitent les touristes à respecter ce culte qui est un peu trop dérangé par ces derniers.
Aparté sur les panneaux
Au Laos, nous remarquons que de nombreux panneaux sont postés dans les lieux publics (gares routières, distributeurs automatiques, etc.) dans le but d’« éduquer » le touriste. On l’invite ainsi à ne pas déambuler torse nu pour les garçons ni en haut de maillot de bain pour les filles. Et effectivement, on n’en croise plusieurs qui se promènent (très) légèrement vêtu. Bien sûr, le thermomètre ne descend guère sous les 30°, mais les Laotiens sont très traditionnels et réservés. Les femmes portent le plus souvent des jupes qui tombent à mi-mollets, et au vu de certains comportements d’Occidentaux, on peut comprendre que l’accueil des touristes puisse se faire en demi-teinte. Nous n’offrons pas à ce pays les plus beaux exemples de civilité qui soient.
Notre aperçu du Laos nous laisse un sentiment perplexe. Nous y avons vu les pires exemples du tourisme rencontrés jusqu’ici et nous comprenons donc l’accueil distant que nous avons parfois essuyé. Le développement du tourisme n’est encore qu’à ses débuts, nous espérons qu’il se fera par la suite dans le respect de l’environnement et dans le souci qu’il profite au plus grand nombre, et pour élever économiquement ce pays qui en a bien besoin.
Nous partons maintenant découvrir la Thaïlande.
[…] Carnet de voyage au Laos […]
En parlant du Laos, je vais comparer la beauté du Laos à une jeune fille dans la peinture. Luang Prabang est un endroit paisible. C’est la capitale royale du royaume du Lan Xang qui s’est formée il y a près de 7 siècles. C’est un endroit qui rappelle aux visiteurs les vieilles rues où sont passés les pas du moine, des jolies petites maisons évoquant l’architecture française de la vieille ville.
Merci pour votre commentaire
Le Laos est vraiment un pays calme. les Laotiens sont vraiment gentils et honnêtes. J’aime beaucoup ce pays.
merci de votre retour
Nous avons visité les cascades Khone Phapheng à Don Khong, Si Pha Don. C’est une superbe cascade et nous sommes tellement impressionnés par cette belle nature au Laos. Une des attractions les plus impressionnantes du Sud du Laos !